lundi 16 novembre 2009

Un matin de septembre ...



Un matin de septembre, ensoleillé et doux, comme j'étais allongé au côté de mon amant d'alors, et dans ce demi-sommeil qui suit d'ordinaire nos ébats,un songe bien singulier vint me visiter... Je remontais une rue pavée de guingois et de bonnes intentions ; j'allais parmi des gens âgés, en lévite ou pèlerine, assez peu nombreux et nous cheminions vers un édifice dont la destination ne pouvait être que religieuse, au vu des fortes pierres qui le composaient et des mines de confiteor de mes congénères.

C'est par une porte basse que nous nous glissâmes à l'intérieur du bâtiment, délaissant l'entrée monumentale et ses portes à double battant, visiblement cadenassées, à moins qu'elles n'aient été hors d'usage, tant la vétusté des lieux était apparente. Des bancs s'alignaient dans une nef assez sombre et les fidèles s'y répartissaient, disciplinés et las, par l'allée centrale, jusqu'à une table qui barrait tout le chevet.

A cette table, recouverte de tentures damassées, étaient assis des dignitaires chenus, enturbannés et dignes, devant qui reposaient de forts registres ainsi que des cassettes métalliques, des plumes et des encriers. Il n'y avait aucune musique, seul un marmonnement ininterrompu me parvenait sur les marches où j'étais resté ; ce marmonnement provenait aussi bien des bancs sur lesquels avaient pris place les fidèles priant à mi-voix que du fond de l'édifice, où les chefs de la communauté se livraient à un étrange travail d'enregistrement et de comptage.

Chaque personne, à tour de rôle : les hommes, tête nue, succédant aux femmes recouvertes d'un châle se levait de sa place ; remontait l'allée centrale ; donnait à voix basse son nom à un premier officiant ; remettait un billet, visiblement une très grosse coupure, à un second officiant ; signait un registre où figurait son nom et enfin s'inclinait devant le plus enturbanné et le plus racorni des vieillards assis à la table pour baiser la grosse bague d'émeraude qu'il avait à la main droite, et recevoir de lui le même billet qu'il venait de déposer. Je n'y comprenais rien, et mon ahurissement devint total quand je constatai qu'une fois revenu par une des allées latérales à sa place, le fidèle passait la même coupure à son voisin, qui à son tour remontait l'allée principale jusqu'à la table ...

Le mot "Zakhât" revenait sans cesse dans les divers marmonnements emplissant la nef, et au moment où je me décidai à descendre les marches, un rayon de soleil troua la pénombre et vint me frapper en un kaléidoscope multicolore dû au vitrail qu'il traversait. Une sensation délicieuse, de chaleur et de bien être, m'envahit et je m'aperçus que je m'élevais peu à peu ; lévitant, les bras ballants, bien au dessus du sol.

C'est alors que je me réveillai, et vis au dessus de moi mon amant goguenard, qui observait mon ventre où battait encore mon sexe mouillé et collant, dans ses derniers soubresauts.
_ " Eh bien ! Tu n'es pas fichu de m'attendre ? Tu Jouis en Suisse ? Tu vas voir ce que tu vas voir !"
C'est ce que je vis en effet : étouffant mes protestations d'un baiser, il se montra brutal, mais pas trop et me rattrapa vite.
Je ne suis jamais retourné dans ce temple ...

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