mardi 17 novembre 2009

Tarantella del Gargano - (Montanara di Carpino)

La tarentelle est une forme musicale traditionnelle provenant du Sud de l'Italie (Calabre, Pouilles (Tarente), Basilicate, Sicile, Campanie). Connue dès le XVIIe siècle, elle a probablement des racines bien plus anciennes dans le culte des dieux antiques : certains chercheurs y voient une lointaine descendance des rites dionysiaques.

Particulièrement vive, (tempo de 6/8, 18/8 ou 4/4), alternant les modes mineur et majeur, cette musique, accompagnée au tambourin et aux castagnettes, se doublait d'une danse effrénée, et était jouée au cours de cérémonies qui pouvaient durer des journées entières, afin de guérir ceux que l'on croyait être victimes de morsure d'une araignée légendaire, la tarentule. Les qualités thérapeutiques qu'on leur prêtait étaient également un prétexte afin de perpétuer des danses d'origine païenne dans l'Italie catholique rigoriste du XVIIe (Royaume de Naples)
(merci Wiki !)

Vous trouverez ici trois versions savantes, issues du collectage des chants traditionnels effectués par les folkloristes, et trois autres, plus proches des pratiques traditionnelles, je crois ... et en commentaire, l'exemple d'une pauvre femme mordue par une tarentule.
(et plein d'autres versions !...) Le texte original est en dialecte (garganico)


(Marco Beasley, Christina Pluhar et L'Arpeggiata)


Carlo d'Angio, circa 1970


Pino de Vittorio


Groupe Malicanti, 2007


Nicola

Comma dei fari pì amà sta donni?
Di rose dee fare nu bellu ciardini

nu bellu ciardini
ntorni p'intorni lei annammurari

di prete preziosi e ori fini
mezzo ce la cava na brava funtani

na brava funtani
e ja ja ca corri l'acqua surgentivi

l'acqua surgentivi
ncoppa ce lu mette n'auciello a ccantari

n'auciello a ccantari
cantava e repusava: bella diceva

pì voi vò addivintare un aucello
pe farimi nu sonno accanto a voi bella madonna.

Me l'ha fatto annammurà
La cammenatura e lu pparlà

Si bella tu nun ci ivi
Annammurà nun me facivi.

Ah pi nciuè
sta ncagnata che vuò da me?
Mammeta lu ssape e tu vò dice pure a tte.


Come devo fare per amare questa donna?
Di rose devo fare un bel giardino.
tuttintorno per innamorare lei
di pietre preziose e oro fino
in mezzo ci metto una bella fontana
dove scorre lacqua sorgente
sopra ci metto un uccello a cantare.
Cantava e riposava: bella diceva
per voi sono diventato un uccello
per farmi un sogno accanto a voi bella madonna
Mi ha fatto innamorare
la sua andatura e il suo parlare
Se bella tu non ci andavi
Innomorare non mi facevi
Ah pi nciuè
questa arrabiata che vuole da me
Tua madre lo sa e lo voglio dire pure a te.

texte établi par Roberto de Simone

lundi 16 novembre 2009

Un matin de septembre ...



Un matin de septembre, ensoleillé et doux, comme j'étais allongé au côté de mon amant d'alors, et dans ce demi-sommeil qui suit d'ordinaire nos ébats,un songe bien singulier vint me visiter... Je remontais une rue pavée de guingois et de bonnes intentions ; j'allais parmi des gens âgés, en lévite ou pèlerine, assez peu nombreux et nous cheminions vers un édifice dont la destination ne pouvait être que religieuse, au vu des fortes pierres qui le composaient et des mines de confiteor de mes congénères.

C'est par une porte basse que nous nous glissâmes à l'intérieur du bâtiment, délaissant l'entrée monumentale et ses portes à double battant, visiblement cadenassées, à moins qu'elles n'aient été hors d'usage, tant la vétusté des lieux était apparente. Des bancs s'alignaient dans une nef assez sombre et les fidèles s'y répartissaient, disciplinés et las, par l'allée centrale, jusqu'à une table qui barrait tout le chevet.

A cette table, recouverte de tentures damassées, étaient assis des dignitaires chenus, enturbannés et dignes, devant qui reposaient de forts registres ainsi que des cassettes métalliques, des plumes et des encriers. Il n'y avait aucune musique, seul un marmonnement ininterrompu me parvenait sur les marches où j'étais resté ; ce marmonnement provenait aussi bien des bancs sur lesquels avaient pris place les fidèles priant à mi-voix que du fond de l'édifice, où les chefs de la communauté se livraient à un étrange travail d'enregistrement et de comptage.

Chaque personne, à tour de rôle : les hommes, tête nue, succédant aux femmes recouvertes d'un châle se levait de sa place ; remontait l'allée centrale ; donnait à voix basse son nom à un premier officiant ; remettait un billet, visiblement une très grosse coupure, à un second officiant ; signait un registre où figurait son nom et enfin s'inclinait devant le plus enturbanné et le plus racorni des vieillards assis à la table pour baiser la grosse bague d'émeraude qu'il avait à la main droite, et recevoir de lui le même billet qu'il venait de déposer. Je n'y comprenais rien, et mon ahurissement devint total quand je constatai qu'une fois revenu par une des allées latérales à sa place, le fidèle passait la même coupure à son voisin, qui à son tour remontait l'allée principale jusqu'à la table ...

Le mot "Zakhât" revenait sans cesse dans les divers marmonnements emplissant la nef, et au moment où je me décidai à descendre les marches, un rayon de soleil troua la pénombre et vint me frapper en un kaléidoscope multicolore dû au vitrail qu'il traversait. Une sensation délicieuse, de chaleur et de bien être, m'envahit et je m'aperçus que je m'élevais peu à peu ; lévitant, les bras ballants, bien au dessus du sol.

C'est alors que je me réveillai, et vis au dessus de moi mon amant goguenard, qui observait mon ventre où battait encore mon sexe mouillé et collant, dans ses derniers soubresauts.
_ " Eh bien ! Tu n'es pas fichu de m'attendre ? Tu Jouis en Suisse ? Tu vas voir ce que tu vas voir !"
C'est ce que je vis en effet : étouffant mes protestations d'un baiser, il se montra brutal, mais pas trop et me rattrapa vite.
Je ne suis jamais retourné dans ce temple ...