lundi 19 septembre 2011

Vies tragiques, morts ineffables... (Splendeurs de la musique quasi-contemporaine, 17)

... " Aujourd'hui, c'est la rentrée sur Radio-GaYa, et nous inaugurons notre nouvelle grille de programmes par une émission consacrée à Arturo-Benedetto-Seize-Mémé Ghini, dit Enrique Grenados (1867-1916), compositeur espagnol et néanmoins castagnéteur virtuose...

Fils caché d' Alfred Nobel et de l'immense tragédienne ( et demie-mondaine mais cela va sans dire ) Sarah Bouchery, le petit Arturo fut volé par une famille de gitans de Grenade (d'où son nom d'artiste), les Ghini. Très jeune, il montra des dispositions pour la composition et les arts musicaux :




Ainsi, à quatre ans il réinventa l'orgue à chat, instrument médiéval injustement tombé dans l'oubli, et se produisit lors des fêtes patronales et autres semaines saintes, faisant ainsi le bonheur et la fortune de ses parents adoptifs :



Héritier des dispositions familiales pour les instruments bruyants, il se fit remarquer pour son Quintet à vent de 1884 - opus 77 , znr 42bis - pour pétomane, trompinette, soubassophone, hélicon et didjeridou qui le fit remporter le Prix Sangre y Oro de la Reine Isabelle

Pourtant, la vie de ce compositeur est marquée par la tragédie et contredit l'adage selon lequel la musique adoucit les moeurs :

Dès l'âge de 6 ans, en effet, à l'occasion de la création mondiale, dans les arènes de Séville, de son concerto grosso dit "les sombres héros" pour fifre, tambourin et castagnettes, ( opus 17, znr 24b) ; l'auditoire se livra à des manifestations enthousiastes et en tous lieux, voire quelque peu délirantes et disproportionnées sinon indécentes : Transportés par les accents déchirants des castagnettes, dans l'allegretto du 2nd mouvement, de nombreux et néanmoins fiers voire ombrageux hidalgos, se tranchèrent les oreilles et la queue pour les offrir en hommage au jeune compositeur ; de nombreuses sévillanes s'en allèrent se jeter du haut des remparts et toutes les autres, après s'en être jeté une (manzanilla) chez Lillas Pastia, s'habillent depuis lors de noires mantilles...



On citera encore sa sonate en trio "Du vent dans les sassafras" pour crécelles, maracas, et bâtons de pluie Opus 86, znr 524ter créée pour le mariage d'Alphonse XIII et de Victoire Eugénie de Battemberg, le 31 mai 1906, qui donna lieu une fois encore, à de regrettables débordements : des mélomanes frustrés de n'avoir pu trouver de billets pour le concert, lancèrent une bombe sur l'assistance. Le jeune couple s'en tira par bonheur indemne mais la bombe fit de nombreuses victimes dans l'assistance et la suite royale (wikipédia)

Les circonstances de sa mort héroïque lors du naufrage du Sussex, sont désormais mieux connues et parachèvent cette existence placée sous le signe de la tragédie et de l'abus des tortillas : La partition de l'ultime oeuvre de Grenados a pu être reconstituée par le grand musicologue autrichien Von Schlafendonk et il semble que l'hypothèse d'une regrettable méprise due à l'incurie d'un régisseur puisse désormais être écartée...
Ce n'est en effet pas suite à la confusion entre les maracas du soliste José Bové et les grenades à main révolutionnaires à la démonstration desquelles les délégués du Grand Etat-Major allemand (les généraux, Von Straffenschwule, Männerfalck et Zu Knabenliebe, tous disparus dans le naufrage) devaient assister le lendemain du concert, mais bien parce que Grenados avait inclus dans sa partition _ comme Strauss un fusil dans Auf der Jagd ( à la chasse), schnellpolka pour orchestre, op. 373 (RV 373) dès 1875 _ l'utilisation des dites grenades à main (ainsi que 17 harpes à pédales) que se produisit l'explosion qui devait entrainer la mort de tant de malheureux croisiéristes...

Alors qu'il est sur un canot de sauvetage, il plonge pour tenter de sauver son amant le matador argentin Maurizio Kasgueul, célèbre pour ses mises en scène hop erratiques et paniques de corridas de concert , qui sera l'objet d'une prochaine émission... Certains prétendent que des marins mécontents l'ont poussé, mais nous ne pouvons croire à une telle infâmie... Ils meurent tous les deux enlacés tels les amants magnifiques du bataillon thébain...


Auf der Jagd ( à la chasse), schnellpolka pour orchestre, op. 373 (RV 373) - 1875 , de Johann Strauss (1825-1899), par l'Harmonie municipale "L'Union" de Vendin-le-Vieil, avec coups de fusil, canard, lièvre, et volatile bizarre dans la salle ... ça vaut bien la version _ également disponible _ du concert du Nouvel An à Vienne...

C'est ainsi que s'achève la vie d'Enrique Granados ainsi que notre émission... Chers auditeurs Bonsoir !

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